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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 16:31

 

« …sauver la grammaire …oui, mais laquelle ?»

 

La grammaire, tout comme la médecine « est une discipline antique », mais l’une comme l’autre loin d’être immuables sont perfectibles…

En ce qui concerne  les « erreurs d’orthographe  et grammaire … », je suis bien sûr d’accord avec ce qui s’en dit. Mais j’aimerais voir les tests destinés à prouver « l’absence de connaissances grammaticales », … Il y a de fortes chances que ce soit : « reconnaître les COD, COI, CC, articles élidés et ou contractés.. » ou quelque chose du même genre !
Mes premiers élèves de 6ème en 1967 confondaient déjà « on » et « ont », et j’avais beau seriner : « pronom, verbe, sujet etc… » Rien à faire, ça ne marchait pas ! C’est ce qui m’a amenée à chercher d’autres voies, à moins de démissionner face à mon impuissance avec les outils dont je disposais…Heureusement, après m’être formée en linguistique et avoir travaillé les phrases « autrement » en classe, j’ai pu entendre : « Ah j’ai compris ! » (et aussi le constater !)….Le problème est qu’on travaille rarement sur « le fonctionnement de la langue » !

Nous  avons commencé par la notion de phrase… histoire de voir que « la forme fait sens » !
Il  ne s’agit pas de figer la langue dans une norme et un « bon usage » imposés, mais de voir ce qui convient le mieux dans une situation donnée. Pas question donc de « sacrifier » la forme, mais apprendre à l’adapter … Un président devrait savoir qu’on n’attend pas de lui qu’il s’exprime en adoptant le code de la rue. Victor Hugo était capable de mettre « l’argot des barrières » dans la bouche de ses personnages mais n’utilisait pas le même langage dans un discours devant l’assemblée. L’efficacité passe par la forme !

Dans les universités , on « lance un programme de remise à niveau », avec les meilleures intentions du monde, comme dans les  lycées d’ailleurs, mais c’est avec les mêmes outils que ceux qui ont échoué et souvent dégoûté les élèves pendant x années auparavant: ceux (pour faire bref ) de la grammaire dite traditionnelle ! Le leitmotiv est bien plutôt « Pas touche à ma grammaire » et « Rien sinon mon Bled et mon Bescherelle ». Car, contrairement à ce qu’on dit et écrit partout, les pratiques grammaticales restent les mêmes ! J’ai eu beau chercher, en 37 ans d’enseignement, j’ai dû rencontrer une dizaine de personnes qui s’inspiraient de théories plus récentes . J’ai eu beau regarder ce que faisaient les enfants de mon entourage, des collègues, des instits de différentes régions, même constat… Alors d’où vient cette idée que les causes d’échec  sont de nouvelles méthodes et l’appel à d’autres connaissances???

J’ai plusieurs fois lu des remarques de Danielle Manesse qui m’étonnent car elle semble remettre en cause ce qu’elle prônait jadis, pourquoi pas, l’erreur est humaine et il est louable de reconnaître qu’on s’est trompé!..  Mais ce qu’elle remet en cause ainsi que d’autres linguistes n’a jamais été réellement  pratiqué, comme je l’ai signalé ci-dessus. On continue à proposer aux élèves (qui y sont toujours aussi rétifs) les même exercices qui se répètent du CM1 à la 3ème et qu’ils accomplissent , plus ou moins bien,  mécaniquement,  avec les résultats qu’on peut constater. Nous sommes d’accord sur un point : la réduction du nombre d’heures qui oblige parfois à choisir entre « faire lire » ou insister sur la syntaxe.

Effectivement, utiliser ces « méthodes nouvelles» requiert un temps de compréhension peut compatible avec des horaires réduits et des classes remplies au maximum. Le « décloisonnement » et « l’observation réfléchie de la langue » n’ont jamais signifié « négliger d’apprendre » mais ces instructions ont été lancées sans formation conséquente ! L’idée à l’origine était qu’on pouvait apprendre autrement, en comprenant…Et, comme je l’ai dit plus haut, très rares sont ceux qui ont renoncé à leurs « leçons de grammaire » avec la panoplie d’exercices à la maison et en classe (Il suffit de consulter les « cahiers de textes » de classes) Donc, pas de « disparition »!

« Que fait l’école ? » Elle continue comme par le passé, lorsque des avancées  (sur les méthodes et connaissances) pointent timidement leur nez, on ne forme pas les enseignants et lorsqu’ils tentent de les suivre –peut-être maladroitement pour certains-on accuse la « nouveauté » mais pas l’absence de mise en place d’un plan de formation…Alors, peut-être aussi, certains ont-ils baissé les bras face aux difficultés, mais à qui la faute ? Certes, on « évalue » à tour de bras…mais est-ce là la condition d’un progrès ? Le problème de la « rentabilité »  de l’enseignement est-il posé là où il faut ?

Qu’on ait introduit « des notions savantes…etc » dans les programmes est aussi une réalité, mais là encore, c’était à l’enseignant de maîtriser ces notions plus qu’aux élèves pour les aider ensuite à construire un texte cohérent qui soit autre chose qu’une accumulation de « phrases » dont ils  comptent ensuite le nombre de lignes (la progression thématique aide à apporter des réponses de construction et « d’enchainement ») . Les élèves ont beau répéter « ses, parce que c’est le sien et ces  parce qu’on montre » ! Ils confondent toujours les deux surtout qu’il n’y a pas toujours « possession » ou « monstration » (excusez ce terme ! ), et là, c’est l’énonciation qui  peut aider à comprendre le rôle de ces mots. Maîtriser les liens logiques ne passent pas forcément par faire la différence entre les conjonctions de coordination et de subordination. Une amie m’a récemment téléphoné ne sachant comment dire à son petit fils ce que c’était que « qu’en »… ! Alors là, on est en pleine abstraction certes, mais est-ce bien intéressant en dehors de tout contexte ? De même que l’imparfait du subjontif, oui, il faut l’apprendre, mais dans quelles circonstances ? On va en « réciter » les formes  après le présent et avant autre chose, mais s’il n’y a pas de situation observable (plutôt de lecture en l’occurrence), quel va être l’impact de cet apprentissage ?
Lorsque le langage et la discipline scolaire vont de soi (pour justement cette minorité capable de s’offrir des « officines privées » ), il n’y a pas de problème, on reconnaît, on discrimine sans rechignier  l’adjectif épithète de l’attribut, du COD etc…, avec, éventuellement l’aide des parents tout contents de retrouver ce qu’ils ont eux-même appris  (C’est là que se situe la « guerre des classes »). Il en va autrement pour la grande majorité.

La « guerre de la grammaire » a commencé … avant 1967, et on en est toujours au même point avec épisodiquement quelques rares pas en avant… suivis de quinze en arrière comme actuellement ! Il serait temps d’en terminer et d’accepter l’idée que les sciences du langage peuvent évoluer tout comme l’ensemble des sciences et que ceux qui les enseignent ont besoin de formation.

Pour une bonne pédagogie de la grammaire, il faut en passer par une bonne formation, comme le dit Eric Pellet et, la communication étant (en partie) tributaire du langage, ne peut se passer de « grammaire », reste à déterminer laquelle ? Elle ne devrait pas être coupée du langage vivant,

mais  au contraire s’y intéresser.


 

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